LES GOONIES de RICHARD DONNER (1985)

Publié le 19 Avril 2010

ATTENTION, RISQUE DE SPOILERS !

LES GOONIES (The Goonies)

Film américain

Date de sortie: 4 décembre 1985

Genre: Comédie d'aventures  Durée: 1h49  Tous publics

Conseil personnel: Pour toute la famille.

Disponible en DVD, VHS et Blu-Ray - Couleur

Mickey et Brand Walsh appartiennent au club des Goonies et leur bande est en pleine effervescence: la découverte providentielle d'une carte au trésor va leur permettre d'éviter que des promoteurs immobiliers ne rachètent la maison des parents Walsh. Mais les embûches sont nombreuses et redoutables jusqu'au fameux trésor, et les valeureux Goonies vont s'en apercevoir à leur dépends...

  

LA CHRONIQUE DE KLEINHASE:

Ils se font appeler LES GOONIES. La carte perdue. Le vieux phare. Les cavernes secrètes. Les pièges maléfiques. Le trésor caché. Et... le Cinoque. Prenez part à l'aventure. Cette longue tagline (ou phrase d'accroche, si vous préférez) que l'on peut lire sur l'affiche présentée en tout début de cet article résume admirablement, et avec beaucoup d'humour, ce film irrésistible qu'est Les Goonies (titre qui pourrait se traduire par Les Crétins... avouez que ça sonne beaucoup moins bien !). Réalisé en 1985 par Richard Donner (à qui l'on doit d'autres classiques, tels que << Superman >>, ou << L'arme fatale >>, pour ne citer que ces deux-là), Les Goonies fait partie de ces films aujourd'hui devenus cultes, de ces films inoubliables qui ont marqué toute une génération de spectateurs (en l'occurrence, la génération 80) et dont les personnages nous sont devenus tellement familiers qu'on les retrouve, plus de vingt ans après, toujours avec le même plaisir lorsque l'occasion de revoir le film se présente devant nous, que ce soit par l'entremise d'une rediffusion télévisée ou, tout simplement, grâce à cette fabuleuse technique que l'on nomme DVD (!).

Les Goonies appartient à cette époque prolifique des années 80, à cet âge d'or du cinéma américain où les longs-métrages de genre principalement fantastique, anticipation/science-fiction, aventures, ainsi que héroïc fantasy; avaient alors le vent très en poupe, comme en témoigne la multitude de productions sorties au cours de ces années-là... des productions aussi légendaires et aussi variées que, par exemple, la saga << Retour vers le futur >>, << Blade Runner >>, la saga << Indiana Jones >> ou encore << Willow >>. Les Goonies, lui, se range dans la catégorie des films d'aventures (bien qu'en vérité, il se rapproche plus de la comédie d'aventures un brin satirique que du vrai film d'aventures type Indiana Jones).

Et pourtant, comme on peut le constater en voyant le film, l'esprit Indiana Jones n'est jamais tout à fait loin, et perce constamment au travers de l'intrigue des Goonies. Déjà parce que primo, les (jeunes) héros des Goonies ont tous un petit quelque chose d'Indiana Jones, en version miniature... ce sont des Indiana Jones en culotte courte, pourrait-on dire !...

Ensuite parce que tout comme l'homme au chapeau et au fouet, les explorateurs en herbe des Goonies vont être amenés à vivre, par la force des choses, une épopée rocambolesque, une odyssée abracadabrante; qui va les propulser (malgré eux) dans des situations loufoques, des rebondissements farfelus et des péripéties imprévisibles qui, sans être aussi spectaculaires ou périlleuses que celles rencontrées par celui que l'on surnomme également Indy, ne sont pas exemptes de danger pour autant. Et enfin parce que tout comme ce cher professeur Jones au terme de ces innombrables exploits, les mini-aventuriers des Goonies vont sortir transformés et grandis par cette quête qui les emmènera finalement au bout d'eux-mêmes et leur apprendra à porter un regard différent et plus mature sur les gens et sur les choses.

Toutes ces légères ressemblances, discrètes mais toutefois bien réelles, avec le personnage d'Indiana Jones ne sont en rien anodines, comme on pourrait le croire au premier abord; puisque le scénario des Goonies, qui a été écrit par Chris Columbus, tire en vérité sa source d'une histoire originale imaginée par... Steven Spielberg... qui est en outre l'un des producteurs exécutifs des Goonies !...

Bien que Spielberg n'ait pas mis en scène ce long-métrage (plutôt étonnant, d'ailleurs...), son influence sur les grands thèmes du récit et sur l'ambiance globale - joyeusement barrée - qui règne tout au long de cette œuvre volontairement parodique se ressent néanmoins très intensément à l'écran. Et nul besoin d'être un fervent admirateur de Spielberg pour s'en rendre compte !... Ceux qui connaissent un peu la filmographie de ce géant du 7e Art et ont vu, surtout, la saga Indiana Jones (en même temps, qui n'a pas encore vu cette saga mythique, je vous le demande sérieusement ?!...) n'auront sans doute aucun mal à identifier l'ombre Spielbergienne qui plane au-dessus du scénario des Goonies.

Parlons du scénario, justement. Que dire sinon que l'intrigue, dès le début et une fois passé la longue scène d'ouverture (qui est un véritable morceau d'anthologie et de bravoure à elle toute seule !), se révèle absolument captivante et haletante de bout en bout, bien que de facture très classique ?... En effet, l'histoire en elle-même, si l'on y regarde de plus près, est assez banale et ne dégage rien qui soit véritablement exceptionnel ou novateur pour le 7e Art.

Mais son intérêt et sa force résident ailleurs. Dans une réalisation décapante et survitaminée, qui a le mérite de ne jamais se prendre au sérieux et fait la part belle à l'action et aux gags sur un rythme d'enfer, ne laissant pas le moindre moment de répit aux héros et encore moins au spectateur, qui en prend lui aussi plein les yeux et plein les oreilles sans que jamais le punch fougueux et incroyable de la mise en scène ne se relâche. Peu à peu, le danger permanent qui guette nos jeunes amis devient de plus en plus oppressant et menaçant, les coups de théâtre s'enchaînent à une vitesse effrénée et les courses-poursuites ne manquent pas non plus... on a à peine le temps de reprendre notre souffle qu'un nouveau rebondissement arrive déjà et en annonce un autre encore bien plus grand... autant dire qu'on ne s'ennuie pas une seconde !

Et puis, l'autre atout de la réalisation (en dehors du fait qu'elle soit délicieusement nerveuse et folle), ce sont tous ces petits clins d'œil, à la fois littéraires ou cinématographiques, qui s'incrustent subtilement dans le récit et lui confèrent une aura supplémentaire. On distinguera notamment les clins d'œil faits à << Peter Pan >>, << James Bond >> ou << Inspecteur Gadget >>.

Soulignons aussi que si Les Goonies, d'un point de vue global, est mené tambour battant avec un humour dévastateur et des répliques cinglantes, cela ne l'empêche pas de nous offrir des scènes plus intimistes et volontiers oniriques (comme par exemple la scène dans le Puits des Souhaits, où Bagou s'autorise à récupérer sa pièce de monnaie parce que son souhait ne s'est jamais exaucé; la scène du baiser à l'aveuglette entre Mickey et Andy; ou encore la scène du monologue de Mickey lorsqu'il découvre enfin le trésor du pirate Willy le Borgne), qui font preuve d'une tendresse inattendue et d'une émotion insoupçonnable, prenante parce qu'infiniment surprenante. Derrière toute cette drôlerie et toute cette action se dissimule donc une vraie réflexion sur l'esprit d'équipe, le dépassement de soi et... le rêve. En ce sens, le plan final - d'une magnificence exceptionnelle - illustre à la perfection cette place de choix qu'occupe le rêve dans ce film, et clôt cette formidable aventure de la plus poétique des manières. Le tout sublimé par une bande son à tomber de Dave Grusin, qui réussit à marier dynamisme, sensibilité et rêverie sur des accords harmonieux et des notes enivrantes qui inspirent la jeunesse et la fantaisie de l'enfance. Sans oublier les décors monumentaux et les trucages audacieux !

Menés par Michael Mickey Walsh (Sean Astin), le chef de bande, garçonnet asthmatique et déterminé; LES GOONIES se compose de Clark Bagou - Mouth dans la version originale - Devereaux (Corey Feldman), le bavard de l'équipe, souvent grande gueule dans ses paroles mais dont la connaissance de la langue espagnole sera d'une aide précieuse pour la recherche du trésor; Richard Data Wang (Jonathan Ke Quan), le plus rusé d'entre tous, dont les inventions frisent le génie malgré le fait qu'elles ne soient pas toujours très au point (!); Lawrence Choco - Chunk dans la V.O. - Cohen (Jeff Cohen), le lourdaud (au propre comme au figuré !) de la troupe, petit bonhomme rondouillard, gourmand et terriblement maladroit qui viendra pourtant à la rescousse de ses camarades lorsque ces derniers sembleront condamnés à une mort certaine; et de Brandon Brand Walsh (Josh Brolin), le grand frère de Mickey, jeune homme sportif et raisonnable, farouchement opposé à cette escapade depuis le début et qui s'y retrouve pourtant involontairement mêlé.

Ils seront bientôt rejoints par Andrea Andy Carmichael (Kerri Green), belle jeune fille qui sauvera tantôt ses comparses d'un terrible piège grâce à ses capacités à jouer au piano et dont Brand est fou amoureux; ainsi que par Stephanie Stef Steinbrenner (Martha Plimpton), une amie d'Andy, qui durant toute l'aventure ne cessera de se chamailler avec Bagou mais finira tout de même par reconnaître qu'il est plutôt sympathique derrière sa grande gueule (!). Bref, LES GOONIES, c'est d'abord une bande de joyeux p'tits lurons, tous très truculents dans leurs genres; et dont les tempéraments à priori diamétralement opposés se complètent en fait à merveille, d'autant plus que tous ces jeunes héros sont interprétés avec beaucoup de conviction et de naturel par des bambins attachants, aux frimousses littéralement craquantes, et qui sont en outre très complices les uns avec les autres, ce qui ne fait que renforcer le plaisir du spectateur.

Nos Indiana Jones juniors (!) croiseront sur leur chemin une famille de dangereux malfaiteurs, eux aussi avides de trouver le fameux trésor. Il y a d'abord la mère, Ma Fratelli (Anne Ramsey), femme irascible et impitoyable qui règne en tyran sur ses trois fils: Francis (Joe Pantoliano), Jake (Robert Davi), tous deux plus bêtes que foncièrement méchants; et... Lotney Cinoque - Sloth dans la V.O. - Fratelli (John Matuszak), souffre-douleur de la famille en raison de son physique difforme et monstrueux (attention, ce personnage est susceptible d'effrayer les plus jeunes spectateurs) mais qui, derrière sa laideur, cache un vrai cœur d'or.

Autant dire que les adultes n'ont pas vraiment le beau rôle dans ce film, et c'est bien là que réside la grande similitude avec l'histoire de Peter Pan. Car les enfants des Goonies, en se lançant dans cette aventure, veulent ainsi échapper à un monde d'adultes qui leur semble trop injuste. Et les seuls adultes qu'ils vont être amenés à rencontrer pendant leur périple sont, pour les premiers, des criminels en cavale et, pour les seconds, des pirates morts... ce qui, entre nous, n'encourage pas vraiment à grandir !

Alors certes, tous ces personnages (principaux ou secondaires, mais surtout principaux) peuvent paraître assez stéréotypés et même totalement caricaturaux, que ce soit dans leurs caractères et leur évolution (puisqu'au final, chacun a appris à se servir de ses petits défauts comme d'une grande force), mais cette caricature volontaire n'est absolument pas gênante puisqu'elle s'assume à 100 % et fait donc partie intégrante du jeu, contribuant à apporter à l'histoire une dimension encore plus comique et donc, plus croustillante.

Et puis, cette caricature correspond tout à fait à l'esprit voulu par ce film, qui est, rappelons-le, de divertir le spectateur avec une histoire sans prétention, qui ne se prend jamais au sérieux même si elle se permet tout de même de délivrer une réflexion pertinente (mais pas moralisatrice, c'est là toute sa réussite) sur l'enfance et le rêve.

  

EN GUISE DE CONCLUSION:

Un film fait avec des enfants, par des grands enfants, pour un public d'enfants mais aussi, sans doute, pour les spectateurs plus âgés qui voudraient parfois redevenir des enfants ou qui, du moins, n'ont pas oublié leur âme d'enfant: voilà comment résumer Les Goonies en une phrase. Dieu que le spectacle est jouissif !... On en prendrait bien volontiers une deuxième tournée, n'est-il pas ?...

K.H.

Nominations et récompenses obtenues, le détail complet > ICI



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 1980, #En détail

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D
J'ai grandit avec et forcement je ne peux pas être très objectif sur le film... La preuve j'ai rien d'autre à dire que j'ADORE !
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M
Certes c'est du Spielberg spécial jeunesse, mais je touve le film un peu brouillon et surtout bruyant voir un peu fatigant...Je sais, tout çà est nécéssaire pour être dans l'ambiance, mais la bande-son ressemble à une cour d'école primaire pendant la récréation... Peut-être faut-il simplement être du même âge que les "Goonies" pour ne pas s'en rendre compte. Mais c'est quand même un bon divertissement à voir avec ses enfants.
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K
Encore un très bon choix de film mon p'tit lapinou ;-)<br /> Très grand classique des années 80, que j'ai vu alors que j'étais à peine plus âgé que ses protagonistes. Taillé sur mesure pour un cinéma de divertissement, on passe sur les nombreuses situations peu crédibles pour ne retenir que l'aventure et l'amitié de ces jeunes garçons. L'esprit Spielberg est bel et bien présent, de même que le côté aventurier du professeur Jones....doublement même car l'un des jeunes aventuriers était déjà présent dans le second volet...Le temple maudit, en la personne du jeune Demi-lune (Jonathan Ke Quan)<br /> Sean Astin, à fait son chemin depuis en devenant Sam l'ami de Frodon dans la trilogie Seigneur des anneaux, et Corey Feldman avait brillé à l'époque dans un autre film magnifique...Stand By Me, d'après Stephen King.<br /> Quant à Donner, il fait partie des réalisateurs qui ne m'ont que très rarement déçus au cinéma.<br /> En effet, ce dernier possède un sens visuel et une direction d'acteur qui ont fait de pratiquement tous ses films de très grands succès.<br /> Comme tu le montres à la fin de l'article, il est ressorti il y a peu en Blu-ray, et il n'est pas impossible, vu le prix (à peine 15 euros) que je le reprenne. Je ne l'ai pas vu depuis au moins 20 ans, mais j'en garde un souvenir sans commune mesure.<br /> <br /> Euh.....au fait Legend...t'en es où ??? :-D
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