ALICE AU PAYS DES MERVEILLES de TIM BURTON (2010)

Publié le 7 Avril 2010

ATTENTION, RISQUE DE SPOILERS !

ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (Alice in Wonderland)

Film américain

Date de sortie: 24 mars 2010

Genre: Conte, fantastique  Durée: 1h49  Tous publics

Conseil personnel: Pour toute la famille.

Couleur

Site officiel

Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu'elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis, le Lapin Blanc, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s'embarque alors dans une aventure extraordinaire et dangereuse, au cours de laquelle elle devra accomplir son destin: mettre fin au règne de terreur de la perfide Reine Rouge et vaincre son maléfique dragon champion, le terrifiant Jabberwocky...

  

LA CHRONIQUE DE KLEINHASE:

Nous avons tous en mémoire le conte inénarrable de Lewis Carroll, << Alice au pays des merveilles >>, publié pour la première fois en 1865; et surtout, nous avons tous vu (au moins une fois) dans notre enfance le fabuleux dessin animé du même titre, inspiré de ce conte, et produit par les studios Disney en 1951.

Soixante ans plus tard, la firme aux grandes oreilles a remis le couvert, en acceptant de produire une nouvelle adaptation cinématographique, en chair et en os cette fois, des (més)aventures d'Alice, avec aux commandes de ce projet ambitieux et quelque peu casse-gueule (il faut l'avouer, il n'est pas forcément évident de mettre en images un tel classique de la littérature jeunesse, qui a de plus été déjà maintes fois porté sur le grand écran) l'un des cinéastes les plus créatifs et les plus populaires de sa génération: Tim Burton. Carroll/Burton/Disney: l'affiche était alléchante. Pourtant, à quelques jours de la sortie en salles, c'est la stupéfaction générale: la presse, habituellement très enthousiaste envers les films Burtoniens, n'est pas tendre; et les quelques spectateurs ayant eu l'occasion de le découvrir en avant-première se disent, globalement, déçus. Mais qu'en est-il vraiment, dans le fond ?... Compte-rendu et impressions personnelles.

Mais avant toute chose, précisons d'abord que je ne suis pas une fanatique de Tim Burton, contrairement à la grande majorité des gens qui bavent littéralement d'admiration devant cet artiste hors norme et son œuvre tout aussi hors norme (allez-y, traitez-moi d'inculte, je ne vous en voudrais pas pour ça !).

De Burton, je n'ai vu - à ce jour - que trois films: << Edward aux mains d'argent >> (le seul que j'ai vraiment aimé), << L'étrange Noël de monsieur Jack >> (qui m'a laissée perplexe) et << Charlie et la chocolaterie >> (pas détesté mais pas franchement adoré non plus... un deuxième visionnage serait sans doute nécessaire). C'est donc par pure et simple curiosité, après avoir zieuté quelques brefs extraits sur le web, que je suis allée voir cet Alice au pays des merveilles, sans rien en attendre. Et pourtant, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant ce long-métrage !... Parce qu'à mon grand étonnement, j'ai A-DO-RÉ !... Et je ne comprends vraiment pas les nombreuses mauvaises critiques que ce film s'est pris en pleine poire (passez-moi l'expression !), car ces critiques, à mes yeux, ne sont pas justifiées. À croire que les gens ne savent plus rêver... mais venons-en directement au film en lui-même, si vous le voulez bien.

À la fois déjanté et complexe, le scénario, incroyablement riche dans son développement et son analyse pertinente sur la limite entre réel et irréel; est donc une adaptation très libre, comme on le sait déjà, du roman original de Lewis Carroll et surtout de sa suite, intitulée << De l'autre côté du miroir >> et parue en 1871. Ce ton volontairement décalé qui imprègne constamment le récit de Carroll est justement donné dès le début du film, lorsque le père d'Alice lui confie, avec une pointe de malice dans la voix: << Oui, tu es folle. Mais la plupart des gens biens le sont >>. Une phrase à la fois énigmatique et lourde de sens, à laquelle on pourrait répondre par cette citation, véridique, d'Aristote: << Folie(s). Il n'y a point de génie sans un grain de folie >>.

Mais ce qui frappe véritablement dans la construction du film et dans l'évolution de l'intrigue, c'est la manière dont Tim Burton réussit à faire tomber la barrière qui sépare rêve et réalité, utilisant pour cela, avec une discrétion et une élégance rares, des petits éléments (les roses rouges, la cicatrice sur le bras d'Alice, les frères jumeaux et les sœurs jumelles, ou encore la légère ressemblance physique entre le Chapelier Fou et le lord qu'Alice doit épouser... ressemblance physique qui semble résonner comme une représentation de l'idéal masculin d'Alice, lorsque l'on compare les deux personnages et si l'on en croit la relation plutôt ambiguë qu'Alice entretient avec le Chapelier Fou...) qui finissent par se rejoindre dans chacun des deux mondes, laissant ainsi planer le doute et le mystère sur la véracité de l'aventure vécue par Alice au Pays des Merveilles.

Comme par exemple dans cette scène, infiniment touchante, où Alice explique au Chapelier Fou qu'il n'est pas réel, qu'il n'est que le fruit de son imagination... le Chapelier Fou n'existe que parce qu'Alice le veut et y croit de tout son cœur. Jolie façon de nous rappeler qu'il faut toujours croire en ses rêves, même les plus dingues... car le vrai rêveur est celui qui rêve de l'impossible, comme le dit si bien le proverbe.

Autre intérêt et singularité de ce scénario revu et corrigé par Burton: l'héroïne n'est plus une enfant. Alice n'est plus la petite fille naïve et candide que l'on connaissait au travers du conte et du dessin animé Disney, mais une grande et belle adolescente de 19 ans, volontiers rebelle et désobéissante, qui a tout oublié du Pays des Merveilles (comme si, finalement, en grandissant, on cessait subitement de rêver et donc, on oubliait ses rêves passés...) mais sait en revanche ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas. Au fil de son voyage dans le Pays des Merveilles, Alice apprendra à découvrir qui elle était et ce qu'elle est devenue... un voyage initiatique, en somme, teinté d'amertume et de nostalgie... mais aussi de maturité, comme en témoigne la sublime fin, où le deuil de l'enfance et l'acceptation du passage à l'âge adulte se font sous l'image métaphorique d'une chenille qui meurt et se transforme en un magnifique papillon s'envolant à la conquête du monde et de la vie, sans pour autant renier ses rêves d'autrefois... Une fin superbe et émouvante, bien plus aboutie que la fin un peu en queue de poisson du dessin animé Disney.

Baroques à souhait, les décors inspirent à la fois l'enchantement et la peur, la noirceur et la couleur, l'espoir et la tristesse, la rêverie et la cruauté. La végétation, tour à tour luxuriante ou oppressante, fait basculer l'héroïne et le spectateur dans un univers pas aussi rose qu'il n'y paraît, peuplé de créatures et de personnages pittoresques, mi-lucides, mi-cinglés.

Les images de synthèse, qui représentent environ 90 % du film, sont en outre très réussies et très jolies sur le plan visuel (bien que je n'ai pas eu la chance, pour ma part, de le voir en 3D) et les effets spéciaux, dans l'ensemble, s'avèrent plutôt grandioses (malgré cette désagréable impression, par moments, d'être plus devant un film d'héroïc fantasy qu'un conte fantastique...). La musique de Danny Elfman, habituel complice de Burton, achève de donner à ce long-métrage cette ambiance si spéciale, mêlant cauchemar et féerie.

Alors oui, évidemment, tout n'est pas parfait non plus dans cet Alice au pays des merveilles version 2010... il faut bien l'admettre, affirmer le contraire serait un mensonge d'une hypocrisie et d'une crétinerie totales. Comme dans tout film qui se respecte, et surtout parce que la perfection absolue n'existe pas, Alice au pays des merveilles regorge de hauts et de bas, de vraies bonnes idées et d'autres qui, sans être foncièrement mauvaises, auraient dû être laissées de côté.

On regrettera quelques scènes complètement ratées, comme par exemple cette fameuse danse du Chapelier Fou, très attendue mais tellement vite expédiée qu'elle en devient ridicule. D'autres scènes en revanche qui auraient sans doute gagnées à être davantage approfondies (notamment cette scène dont j'ai déjà parlé avant, où Alice explique au Chapelier Fou qu'il n'est pas réel). Et également une légère déception vis-à-vis de certains personnages qui n'ont pas été assez exploités ou sont trop stéréotypés pour qu'on puisse s'attacher ou s'identifier à eux (à l'instar de la Reine Blanche, qui manque cruellement d'âme et dont l'excentricité poussée à l'extrême la rend plus agaçante qu'autre chose, hélas...). Mais pourtant, c'est aussi dans ses faiblesses et dans ses défauts que ce film trouve tout son charme et que la magie opère. Car rien, ni personne, n'est parfait...

Arrêtons-nous maintenant sur l'interprétation. Hormis Anne Hathaway, charmante mais malheureusement parfaitement insignifiante en Reine Blanche (la faute à un caractère trop excentrique qui rend ce personnage complètement nunuche et inintéressant), le casting est par ailleurs tout à fait fabuleux.

De Johnny Depp (dont c'est ici la septième collaboration avec Tim Burton !), hallucinant et méconnaissable en Chapelier Fou et mélancolique; à Helena Bonham Carter (Madame Burton dans la vie, c'est d'ailleurs la sixième fois qu'elle travaille sous la direction de son époux !), génialement démente en Reine Rouge tellement obsédée par le coupage de têtes qu'elle en a elle-même attrapé la grosse tête (!); en passant par Matt Lucas, hilarant dans le double rôle des jumeaux Tweedledee et Tweedledum; ou encore Crispin Glover, démoniaque sous les traits d'un valet plus bête que méchant; chacun y va de sa petite touche personnelle pour apporter conviction et charisme à son personnage. Quant à Alice (et oui, n'oublions pas Alice !), elle est interprétée par une jeune actrice encore inconnue (mais sans doute plus pour très longtemps !), d'origine australienne: Mia Wasikowska, véritable révélation de ce film, toute de beauté grave et de douceur, qui s'impose sans problème à notre imaginaire. Son talent éclate ici au grand jour et elle se montre très à l'aise face à tous ces immenses comédiens déjà confirmés, dont elle n'a strictement rien à envier si ce n'est la longue expérience. Bref, une nouvelle venue dans le paysage cinématographique, à suivre de près. De très près.

En résumé, si l'on peut être quelque peu dépaysé, dérouté, irrité, ou tout simplement déçu par le parti pris par Burton, qui a choisi de donner à ce conte intemporel et universel une dimension très épique, saupoudrée de spectaculaire, d'héroïsme et de violence (attention, certaines scènes risquent d'effrayer les plus jeunes, évitez donc d'y aller avec des petits); cela apporte à l'histoire une touche de modernité plutôt bienvenue, qui accentue en outre le caractère déjà particulièrement romanesque (et fou !) du propos. Après, bien sûr, c'est selon les goûts de chacun, et tout dépend aussi avec quels yeux on découvre ce film... est-ce avec nos yeux d'adultes ou nos yeux d'enfants (en l'occurrence, de grands enfants...) ?... Car la beauté, dit-on, est dans l'œil de celui qui regarde...

  

EN GUISE DE CONCLUSION:

Si l'on évite la comparaison (certes difficilement inéluctable) entre le conte de Carroll (que je n'ai d'ailleurs jamais lu, honte à moi !) et le dessin animé de Disney, si l'on veut bien fermer les yeux sur les quelques petits bémols qui viennent parfois rompre cette belle harmonie dont cette œuvre fait par ailleurs preuve du début à la fin, si l'on se prend pleinement au jeu et si l'on accepte, surtout, de traverser le miroir éternel de l'enfance et du rêve que ce récit incontournable nous tend à bras ouverts; alors oui, plus de doute possible, la magie est bel et bien au rendez-vous, plus présente et plus forte que jamais, dans ce divertissement familial de très haute qualité artistique, scénaristique et esthétique. Quoiqu'il en soit et quoiqu'on en dise, ce long-métrage nous fournit une nouvelle preuve que le cinéma, lorsqu'il est fait avec savoir-faire et passion (comme c'est ici le cas), peut également s'avérer être, à sa manière et aussi particulière soit-elle, un sacré Pays des Merveilles, dans lequel on voudrait parfois rester indéfiniment... tout comme Alice, au final...

K.H.



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 2010, #FILMS DISNEY, #¤ En salles ¤

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Commenter cet article
F
C'est un bon film mais pas le meilleur de Tim Burton. Par contre, Johnny Depp est toujours autant talentueux.
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L
film conseilé au grand et au petit des detail des actino film pas mal
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L
alice bien ou pasfilm assé bien ,fatastique , merveileux moi je le conseil a tout le monde
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