LE DISCOURS D'UN ROI de TOM HOOPER (2011)

Publié le 18 Avril 2011

Le roi d'Angleterre George VI (1895-1952), père de la reine Elizabeth II, souffrait de problèmes d'élocution. Ce film raconte comment un orthophoniste peu ordinaire, Lionel Logue, parvint à le guérir. Quand la petite histoire rencontre la grande ou le récit d'une incroyable histoire vraie que l'Histoire a oubliée.

D'après l'histoire vraie et méconnue du père de l'actuelle reine Elizabeth II, qui va devenir, contraint et forcé, le roi George VI, suite à l'abdication de son frère Édouard VIII. D'apparence fragile, incapable de s'exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme et d'affronter ses peurs avec l'aide d'un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles. Il devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle, et faire de son empire le premier rempart contre l'Allemagne nazie...

Avis:

Grand favori de la dernière cérémonie des Oscars, avec un total record de 12 nominations (pour finalement 4 statuettes remportées: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleur scénario original), LE DISCOURS D'UN ROI (THE KING'S SPEECH), succès surprise de ce premier trimestre 2011, est sans nul doute à classer parmi les meilleurs films de ce début d'année, et, tout simplement, parmi les meilleurs films du moment. Situé dans l'Angleterre des années 30, LE DISCOURS D'UN ROI narre l'histoire vraie (et cependant méconnue, parce qu'oubliée...) du prince Albert (Bertie), duc d'York, qui sera malgré lui précipité sur le trône suite à l'abdication de son frère Édouard VIII (lequel préféra l'amour d'une femme deux fois mariée et divorcée, ce qui était naturellement très mal vu par la société de l'époque; et en outre totalement contraire au protocole) et deviendra roi sous le nom de George VI. Souffrant d'une forme sévère de bégaiement, George VI devra se tourner vers un orthophoniste pour soigner son mal afin de pouvoir assurer pleinement ses fonctions (et ses obligations...) de souverain. Ou plutôt un thérapeute du langage aux méthodes peu ordinaires et au caractère bien trempé, peu impressionné par le fait que son patient - qui deviendra peu à peu son ami - soit prétendant à la couronne: Lionel Logue, australien d'origine et acteur raté de son état, qui a fait de sa vocation manquée une véritable institution du langage et de la parole. Si LE DISCOURS D'UN ROI touche autant, c'est peut-être parce qu'il est - bien au-delà de la simple évocation biographique, bien au-delà de la simple chronique historique - le portrait bouleversant d'un homme tourmenté et à fleur de peau, d'un homme en proie à ses démons et à ses blessures secrètes, et qui devra trouver au plus profond de lui-même le courage et la force d'affronter ses peurs, pour finalement accomplir la tâche dont il a été chargée. Un homme qui devra d'abord retrouver confiance en lui pour acquérir la confiance de ses pairs... et de son peuple. Sobre et plutôt classique, la mise en scène de Tom Hooper bénéficie d'une reconstitution très soignée et est en outre soutenue par la bande originale enchanteresse du compositeur français Alexandre Desplat (nominé aux Oscars), qui signe ici une partition inspirée, toute en délicatesse et en émotion contenue; et à laquelle viennent s'ajouter de grands morceaux de musique classique, parmi lesquels la fameuse Symphonie n°7 de Beethoven, qui semble n'avoir jamais été aussi belle que dans ce film. Les dialogues, parsemés d'un humour typiquement british des plus savoureux, rendent le propos d'autant plus intéressant et attrayant à suivre que le contexte historique de l'époque - si il peut dans un premier temps paraître complexe - est en fait très bien expliqué et retracé, sans pour autant que cela ne tourne à la leçon d'Histoire, donnant au contraire une valeur quasi documentaire au récit. La qualité exceptionnelle de l'interprétation (Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Guy Pearce...) ne fait qu'ajouter à la réussite incontestable de cette œuvre passionnée et passionnante, aux allures de classique instantané, qui s'avère également être une pertinente réflexion symbolique (presque métaphorique) sur la monarchie et, surtout, sur la force du langage et de la parole et, par dessus tout, sur le pouvoir de la communication. Réflexion qui atteint des sommets lors du flamboyant et tant attendu discours final qui donne son titre au film, magnifique de lyrisme et d'intensité, et qui laisse littéralement le spectateur pantois et... sans voix.



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 2010, #¤ En salles ¤

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K
Il est vrai que l'histoire d'Edouard VIII était restée plus présente dans la mémoire des gens ayant vécus dans cette période terrible de la guerre, que l'histoire de l'accession au trône du frère méconnu à cette époque.<br /> Ce film relatant les difficultés du futur Geogre VI qui souffrait de troubles du langage, alors qu'il doit parler à son peuple, nous emmène doucement dans l'intimité blessée de celui-ci.<br /> Le film arrive, au travers de subtiles scènes d'humour, à provoquer des moments d'émotion très intenses, très forts, chez le spectateur.....<br /> Tom Hooper se révèle exceptionnel. <br /> Grand moment de cinéma et récompenses largement méritées.
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P
Je partage pleinement ton avis: derrière son apparente simplicité, le film de Tom Hooper se révèle d'une rare richesse et d'une grande profondeur. L'émotion n'est jamais loin derrière le flegme so british de façade. Un vrai grand film, qui mérite son succès et ses oscars!
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