CINÉMAN de YANN MOIX (2009)

Publié le 19 Novembre 2009

ATTENTION, RISQUE DE SPOILERS !

CINÉMAN

Film français

Date de sortie: 28 octobre 2009

Genre: Comédie satirique, fantastique  Durée: 1h30  Tous publics

Conseil personnel: Pour toute la famille.

Couleur et noir & blanc

Site officiel

Professeur de mathématiques acerbe et intransigeant, Régis Deloux habite à Montreuil, dans un immeuble promis à la destruction, et poursuit maladroitement sa quête du grand amour. Un jour, après s'être piqué le doigt avec une broche découverte par hasard, il est victime de curieux symptômes et se rend aussitôt chez un médecin, qui lui conseille de prendre contact avec l'acteur Pierre Richard. Lequel l'informe, de manière aussi incroyable que sérieuse, qu'il a été désigné pour sauver une princesse prisonnière d'un psychopathe... dans un film (un western spaghetti, plus précisément) !... Et c'est par la broche - magique - que Régis va pouvoir se projeter dans ce film, puis dans une dizaine d'autres, remontant ainsi toute l'Histoire du cinéma et rencontrant, par la même occasion, la femme de ses rêves...

  

LA CHRONIQUE DE KLEINHASE:

Avant toute chose, je tiens d'abord à préciser que je n'ai jamais été (et que je ne suis toujours pas !) fan de Franck Dubosc. La manière dont il cabotine à l'écran a plutôt tendance à m'agacer, et son humour de potache ne m'a jamais vraiment fait rire (même si je comprends parfaitement qu'on puisse aimer ce type d'humour, cela dit). Alors, dans ce cas, pourquoi être allée voir Cinéman, vous demandez-vous sans doute en lisant ces lignes, film dont il est la star ?...

Certainement pas pour la belle gueule et les beaux yeux de l'acteur-humoriste. Non. Du tout. En fait, c'est après avoir vu (par hasard) une photo de Dubosc grimé en Clint Eastwood (où la ressemblance avec le légendaire interprète de << Dirty Harry >> était absolument sidérante), et après avoir lu un bref résumé du scénario, que je me suis décidé à aller voir ce long-métrage de Yann Moix. En plus clair, si je suis allée voir Cinéman, c'est parce que je trouvais le concept particulièrement séduisant et l'idée de départ assez astucieuse. Alors, après visionnage, qu'en est-il vraiment ?...

Et bien pour être tout à fait franche, je dois dire que le bilan au sortir de la projection s'est avéré plutôt... mitigé. Assez mitigé, même. Si sur la forme, Cinéman fonctionne bien, le fond est en revanche moins travaillé, moins abouti. Mais peut-on pour autant blâmer Yann Moix, pour qui ce tournage aura été très ardu ?... En effet, plusieurs problèmes sont survenus sur le tournage de Cinéman.

Première chose, Benoît Poelvoorde (qui avait déjà été dirigé par Yann Moix pour les besoins de << Podium >>, en 2004, et qui devait initialement tenir la vedette dans Cinéman) refuse soudainement le rôle (pour des raisons qui, aujourd'hui encore, restent assez floues...), qui est alors proposé à Jean Dujardin, lequel le décline à son tour, ce qui repousse une nouvelle fois le début du tournage. Deuxième chose, des problèmes de son obligent les acteurs à réenregistrer les dialogues, d'où un léger décalage image/son que l'on peut constater lorsque leurs lèvres s'animent. Enfin, troisième et dernière ombre au tableau, le suicide, en mai dernier, à l'âge de 29 ans, de l'actrice britannique Lucy Gordon (Cinéman lui est justement dédié), et qui n'a sans doute pas facilité la promotion du film, immédiatement massacré par la presse lors de sa sortie en salles (ce qui, d'ailleurs, ne m'étonne guère de la part des critiques professionnels, ahem... bien que pour une fois, je ne leur donne pas entièrement tort, sans vouloir être de mauvaise foi...). Autant de soucis qui expliquent peut-être la demi-réussite de Cinéman.

Si je ne l'apprécie toujours que très moyennement, j'ai néanmoins trouvé Franck Dubosc convaincant et tout à fait à son aise dans son rôle de professeur autoritaire et maladroit, dont l'existence paisible (trop, sans doute...) est soudainement chamboulée, bien que l'évolution de son personnage grâce à ce << miracle >> du destin soit traitée sur un mode trop proche du cliché.

En princesse tout droit sortie d'un conte de fées, la regrettée Lucy Gordon insuffle sa grâce et sa délicatesse à une héroïne qui ne manque pas de charme, ni de cran, et encore moins de toupet. Pierre-François Martin-Laval, quant à lui, prête ses traits à Douglas Craps (un nom qui en dit long sur la profondeur psychologique du personnage, bref...), le méchant de l'histoire. Un méchant bien vicieux comme on les aime, mais dont le sadisme n'a d'égal que l'absence d'âme, et donc, d'intérêt... un méchant très caricatural que l'on pourrait qualifier de << bouffon >>. Côté seconds rôles, saluons principalement Anne Marivin et Jean-Christophe Bouvet. Quel plaisir aussi de retrouver Pierre Richard dans son propre rôle, toujours égal à lui-même, ainsi que Michel Galabru et Marisa Berenson, qui effectuent une apparition furtive mais ô combien savoureuse.

L'histoire, elle, tient solidement la route et se suit avec un réel intérêt, même si les éternels insatisfaits risquent de la trouver lassante au bout de dix minutes (!). La mise en scène, inventive, fait preuve d'une belle énergie et regorge d'excellentes trouvailles visuelles, telles la scène du sous-titrage ou celle de l'arrêt sur image.

Concernant les multiples clins d'œil << cinéphiliques >> (évidemment très attendus, on s'en doute !), ils sont bien amenés et s'insèrent habilement dans le récit, par ailleurs porté par la voix si caractéristique de Franck Dubosc qui, pour l'occasion, joue aussi les narrateurs. Parmi les quelques films mythiques du 7e Art qui sont ici parodiés et revisités (avec plus ou moins d'élégance...), on s'amusera notamment à reconnaître << Pour une poignée de dollars >>, << Barry Lyndon >>, << Taxi Driver >>, << Les aventures de Robin des Bois >> ou encore << Orange mécanique >>. Quant à l'action, elle est plutôt bien soutenue et ne souffre d'aucun temps mort particulier. Il faut dire aussi que la musique aide bien en ce sens, car elle est très dynamique et apporte vraiment beaucoup de rythme à l'ensemble.

Cependant, comme je le disais déjà ci-dessus, Cinéman est loin d'être un film réussi, et il n'est pas non plus à la hauteur des attentes que l'on était en droit d'avoir en découvrant la bande-annonce. La faute à un humour pas toujours très fin, qui a une fâcheuse tendance à aligner les gags d'un goût parfois très douteux et les répliques vulgaires (hélas, trois fois hélas...).

La fin est en outre totalement bâclée et donne l'amère impression que Yann Moix n'a pas su comment clore son histoire. Mais il est en revanche impossible de remettre en question l'amour que le réalisateur porte envers le 7e Art et qui transparaît immédiatement dès le générique du début, ainsi que dans le générique final, véritable hommage au cinéma muet. De ce côté, Cinéman fait preuve d'une sincérité incontestable et c'est bien ce qui fait son point fort.

  

EN GUISE DE CONCLUSION:

À condition de ne pas se montrer trop exigeant et de fermer les yeux sur les défauts qui gâchent un peu le plaisir, Cinéman constitue un divertissement agréable et sans prétention, que je recommande en priorité à tous les mordus de cinéma. En bref, Cinéman est un film mineur mais sympathique, comme il en sort (presque...) chaque semaine. Ni plus, ni moins !...

K.H.



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 2000, #¤ En salles ¤

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