VICTOR VICTORIA de BLAKE EDWARDS (1982)

Publié le 3 Avril 2009

Victor Victoria (1982)

Film américain | Comédie musicale | 2h12 | Tous publics

Synopsis :

Paris, 1934. Un soir, après une audition ratée, Victoria Grant - chanteuse à la magnifique voix de soprano - est expulsée de l'hôtel où elle logeait, faute d'avoir pu payer la location de sa chambre. Sans ressources, elle erre dans la ville, complètement désespérée, affamée et gelée par le froid. Quelques heures plus tard, après avoir semé une panique générale dans un restaurant, Victoria se lie d'amitié avec Carroll Todd - dit Toddy - homosexuel au grand cœur et artiste au chômage, qui lui offre l'hospitalité pour la nuit. Le lendemain matin, ce dernier élabore un plan des plus fous : puisque personne ne veut de Victoria en chanteuse, elle deviendra... chanteur ! Rebaptisée Victor Grezhinski, comte polonais au célèbre passé de travesti, Victoria va rapidement devenir la nouvelle coqueluche des cabarets parisiens. Mais tout se complique le jour où King Marchand, roi des night-clubs de Chicago, s'éprend d'elle...

Chronique et avis [spoilers possibles] :
❤ Découverte coup de cœur ❤

Fichtre, il y a un sacré bout de temps déjà que je n'avais pas été autant subjuguée, émerveillée, amusée, charmée, envoûtée (pour ne pas dire bluffée !) par un long-métrage ! Et tout en écrivant ces quelques lignes, je ne peux m'empêcher de penser que Victor Victoria est le genre de film qui devrait revenir beaucoup plus régulièrement sur le petit écran. Car à l'heure où la télévision française est devenue (hélas...) une abominable machine à fric qui abrutit le spectateur en le gavant de télé-réalité sans queue ni tête, d'émissions débiles qui sentent le déjà-vu à plein nez (type le traditionnel bêtisier de fin d'année...) et d'autres séries policières archi-violentes, qu'il est bon d'avoir chez soi un lecteur DVD et de pouvoir regarder un film de cette trempe ; gai, farfelu et plein d'optimisme !

Bien plus qu'une simple comédie musicale, Victor Victoria est un croustillant cocktail de burlesque, de générosité et de joie de vivre, emmené par des comédiens visiblement contents d'être là (ce qui ne fait qu'ajouter au plaisir). Victor Victoria, c'est comme une bulle de champagne dont la saveur nous reste en bouche bien longtemps après le générique de fin, c'est comme un rayon de soleil éblouissant dans le quotidien parfois morose et difficile que peut être la vie actuelle ; entre la crise financière, le chômage et la pauvreté. Réalisé par Blake Edwards en 1982, Victor Victoria est en fait le remake d'un film éponyme d'origine allemande, Viktor und Viktoria (1933), mis en scène par Reinhold Schünzel et ayant l'actrice Renate Müller pour vedette.

Si le synopsis peut - a priori - sembler tabou et même totalement scabreux, il n'en est heureusement rien grâce à la mise en scène élégante de Blake Edwards, qui a su tirer le meilleur parti de cette audacieuse et rocambolesque intrigue centrée sur « une femme qui se fait passer pour un homme, qui se fait passer pour une femme » (!) ; signant là une comédie musicale exquise et pleine d'entrain.

Une comédie musicale qui, derrière sa drôlerie et son côté volontiers amoral, se révèle surtout être un très original hymne à la tolérance, en même temps qu'une réflexion douce-amère sur l'identité sexuelle, la condition féminine, l'apparence, le regard d'autrui et le fait d'apprendre à s'estimer en devenant un autre.

En outre, les reconstitutions du Paris des Années Folles sont particulièrement réussies ; les chorégraphies - toutes plus fabuleuses les unes que les autres - sont belles à couper le souffle ; tandis que la musique du maestro Henry Mancini (inséparable complice de Blake Edwards) est tout bonnement sublime. À noter aussi la très haute qualité des nombreux gags, jamais lourds et souvent hilarants, à l'image de cette cultissime scène du restaurant, dans laquelle un pauvre cafard déclenche (bien malgré lui !) une joyeuse pagaille ; provoquant ainsi un fou rire mémorable chez le spectateur.

L'interprétation, quant à elle, atteint l'excellence absolue (comme tout le reste d'ailleurs !). James Garner, très convaincant en bourreau des cœurs un brin macho ; Robert Preston, grandiose en vieil homosexuel mondain et débrouillard ; Lesley Ann Warren, énervante à souhait sous les traits de la nunuche blonde de service ; ou encore Alex Karras, irrésistible en garde du corps maladroit ; tous se renvoient la balle brillamment.

J'ai bien entendu gardé le meilleur pour la fin, alors que dire du phénoménal jeu de Julie Andrews (épouse de Blake Edwards à la ville), très à l'aise dans la peau de ce personnage à double facette ? Aussi ravissante en femme qu'en homme, l'ex-nurse la plus célèbre du cinéma - Mary Poppins - livre ici une fantastique performance (autant vocale que physique) et porte avec brio le film sur ses épaules, nous gratifiant de son lumineux sourire et de sa bonne humeur communicative à travers ce qui apparaît sans doute comme étant le plus beau rôle de toute sa carrière. Rappelons justement que Julie Andrews endossera à nouveau les habits de Victor Victoria en 1995, sur les planches de Broadway, avec un succès considérable.

En guise de conclusion :

Référence majeure (malheureusement un peu oubliée...) des années 1980 et de la comédie musicale hollywoodienne, Victor Victoria est un enchantement de tous les instants, un chef-d'œuvre d'humour, d'inventivité et de tendresse ; qui n'a pas volé sa place aux côtés de classiques du genre tels que Le Magicien d'Oz, Chantons sous la pluie ou encore West Side Story. Bref, 130 minutes de pure délectation à partager en famille ou entre amis.

Nominations et récompenses obtenues, le détail complet  ICI
Fiche AlloCiné ICI
Ma note pour ce film :

 

Rédigé par Kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 1980, #En détail

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I
Moi aussi j'aime bien ce genre de comédie et j'ai d'ailleurs mis ce film dans mes diamants du cinéma car c'en est un!
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L
Excellent film dans la lignée de "Certains l'aiment chaud".On ne s'ennuie, pas et les gags s'enchaînent avec toujours cet humour plein de finesse. On peut rire de tout sans sombrer dans la facilité ou la moquerie ou pire l'intolérance
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A
Une comédie musicale un peu oubliée, mais combien savoureuse. Totalement dans la lignée de ses aînées elle à tout pour plaire. L'humour tient une place de choix parmi l'intrigue et les personnages s'en donnent à coeur joie. Il faut reconnaître que le sujet traité l'a été avec beaucoupe de finesse et de délicatesse sans jamais sombrer dans le "facile" comme aujourd'hui. Avoir ou revoir!
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