À L'EST D'EDEN d'ELIA KAZAN (1954)
Publié le 11 Novembre 2008
À l'Est d'Eden (East of Eden) (1954)
Film américain | Drame psychologique | 1h55 | Tous publics
1917, dans la petite ville de Salinas Valley, en Californie. Adam Trask, homme austère et sévère, exploite ses terres, aidé par ses deux fils ; Aron, garçon exemplaire et dévoué, fils préféré d'Adam, bientôt fiancé à la jolie Abra, une jeune fille qui a vécu une enfance tourmentée ; et Cal, rebelle solitaire et violent avec lequel Adam ne s'est jamais compris. Les deux frères croient que leur mère est morte. Jusqu'au jour où Cal découvre que celle-ci est bel et bien vivante et vit recluse dans une maison close. Dès lors, les rapports - déjà très tendus - entre Cal et son père vont se dégrader encore davantage au fil des jours...
❤ Découverte coup de cœur ❤
Je découvre actuellement James Dean et c'est un pur bonheur, une révélation inattendue, un coup de cœur énorme envers un formidable comédien que je ne connaissais jusqu'ici que de nom. Si La fureur de vivre (que j'ai découvert il y a quelques semaines) m'avait déjà beaucoup impressionnée et troublée, je dois dire que À l'Est d'Eden, réalisé par Elia Kazan en 1954, m'a carrément secouée et bouleversée au plus profond de moi-même.
À travers ce vibrant long-métrage, le cinéaste américain adapte à l'écran le roman éponyme de John Steinbeck et revisite le mythe biblique de Caïn et Abel en le transposant brillamment dans le contexte ardu et éprouvant de la Première Guerre mondiale. Période horrible de notre Histoire où les soldats partaient au combat en chantant joyeusement, ignorants qu'ils étaient de l'ampleur de ce massacre qui dura quatre longues années et au cours duquel périrent près de neuf millions d'hommes.
James Dean (dont c'est ici le premier grand rôle, rappelons d'ailleurs que Paul Newman fut un temps pressenti pour incarner le personnage de Cal) apporte un sens à l'expression « crever l'écran ». Donnant tout, laissant éclater au grand jour toute l'étendue de son immense talent, il ne se contente pas seulement de jouer son rôle, mais le vit ; nous livrant une composition extraordinaire, riche en intensité et en sensibilité.
Mais le film ne repose pas uniquement sur ses épaules, puisque James Dean est effectivement secondé par d'excellents acteurs : que ce soit Raymond Massey, magistral en père inflexible ; Julie Harris, attachante en jeune fille un peu paumée ; Richard Davalos, parfait en fils modèle et préféré ; ou encore Jo Van Fleet, inoubliable en mère désœuvrée ; tous se renvoient la balle avec talent et justesse.
Le scénario, quant à lui, est on ne peut plus captivant et poignant. Il est en effet bien difficile pour le spectateur de ne pas se sentir submergé par l'émotion en découvrant l'histoire de ce fils révolté et déchu qui tente par tous les moyens de gagner l'affection de son père, et celui qui n'a pas la larme à l’œil en regardant ce film doit être bien insensible. La scène où James Dean veut offrir l'argent à son père, et que celui-ci le rejette une fois de plus - une fois de trop -, est particulièrement déchirante et très puissante sur le plan émotionnel. Mais on le sait, Elia Kazan est un dramaturge virtuose, et cela se ressent dans sa mise en scène superbe et remarquable. Il n'a pas son pareil pour nous conter cette histoire de famille et d'amour. Avec en prime la beauté des paysages et la grandiose musique de Leonard Rosenman.
S'il est en tout cas une chose qui m'apparaît désormais sûre et certaine au moment d'achever la rédaction de cette chronique, c'est bien que James Dean, lui, est entré par la grande porte dans mon cœur de spectatrice et de cinéphile. Et il n'est pas près d'en ressortir. À présent, il me tarde de découvrir Géant, son dernier film.