FANTASTIC MR. FOX de WES ANDERSON (2010)

Publié le 9 Mars 2010

ATTENTION, RISQUE DE SPOILERS !

FANTASTIC MR. FOX

Film américain

Date de sortie: 17 février 2010

Genre: Animation  Durée: 1h28  Tous publics

Conseil personnel: Pour toute la famille.

Couleur

Site officiel

Écoutant son épouse, Felicity, enceinte, le rusé Mister Fox a renoncé à sa vie de voleur de poules pour devenir éditorialiste dans un journal local. Son fils, Ash, a 12 ans quand la famille accueille dans son foyer son cousin Kristofferson. Peu après, les Fox partent habiter à la campagne, tout près des élevages de trois fermiers particulièrement antipathiques et impitoyables. La vie jusqu'alors paisible (et ennuyante...) de la famille Fox ne tarde pas à être mise en péril lorsque Mr. Fox, plus incorrigible que jamais, ne peut s'empêcher de récidiver, reprenant sa sombre et dangereuse activité de voleur...

  

LA CHRONIQUE DE KLEINHASE:

Premier film de l'année 2010 que je vois (oui, je sais, je suis en retard... mais parmi tous les films sortis en salles depuis le début de l'année, je dois dire qu'aucun - sauf peut-être << Invictus >> de Clint Eastwood... que je n'ai finalement pas vu... - ne m'intéressait vraiment; contrairement en 2009 où, à la même période, il y avait pas mal - trop !... - de films qui attiraient ma curiosité...), première bonne surprise, premier coup de cœur, première étoile dans les yeux.

C'est en feuilletant nonchalamment les pages de mon programme TV (car ce n'est certainement pas sur le petit écran qu'il faut compter pour faire la promo de ce type de film, dont la sortie en salles aura été injustement discrète et limitée; comparée à d'autres films que l'on met excessivement en avant avec parfois un an d'avance sur la date de leur sortie... des films qui, finalement, n'ont rien de vraiment exceptionnel ou grandiose...) que j'ai eu vent de ce Fantastic Mr. Fox. Comme qui dirait, c'est grâce à cette chose étrange qu'on appelle hasard que j'ai pu découvrir ce fantastique (sans jeu de mots !) film. Et force est de reconnaître que ce cher hasard fait décidément bien les choses.

Car j'ai découvert là une vraie perle cinématographique, un petit bijou d'intelligence rare, un long-métrage exquis au goût marginal plus que prononcé et à la saveur délicieusement caustique et loufoque. Un film instantanément, totalement et définitivement hors du temps et de la mode, qui fait véritable figure d'OVNI dans le registre de l'animation d'aujourd'hui.

Avec Fantastic Mr. Fox, un brin de fraîcheur et de folie douce vient de souffler, telle une brise suave et délicate, sur le dessin animé actuel, renouant brillamment ici avec une animation dite à l'ancienne alors que la majorité des dessins animés sont désormais faits... en images de synthèse. Loin d'être un défaut ou un faible, cette méthode d'animation volontairement vieillotte apporte à Fantastic Mr. Fox un charme audacieux et nostalgique, qui respire également l'authenticité et la singularité. Il n'est donc pas exagéré d'affirmer que le cinéma d'animation retrouve, à travers cet ambitieux Fantastic Mr. Fox, ses racines, ses origines, ses lettres de noblesse qui firent jadis sa gloire et sa fortune. Et nous, spectateurs, on (enfin moi, en tout cas !...) ne s'en plaindra pas, à l'heure où la 3D - fabuleuse technique, cela dit !... - a littéralement envahie les écrans... et les esprits (!).

Réalisé par Wes Anderson, personnalité haute en couleur du cinéma américain qui signe d'ailleurs ici son premier film d'animation, Fantastic Mr. Fox s'inspire en fait d'un court roman de Roald Dahl (auteur incontournable à qui l'on doit de nombreux classiques de la littérature jeunesse, comme par exemple << Charlie et la chocolaterie >>), sobrement intitulé << Fantastique Maître Renard >> et paru en 1970.

Le scénario, malin, farfelu et haletant de bout en bout, s'adresse - évidemment ! - en priorité aux enfants, mais sait aussi se faire plus mature et plus complexe dans son fond (et également dans sa forme), interpellant habilement l'intérêt des spectateurs plus âgés en soulevant des questions fondamentales et très actuelles sur le fragile rapport entre la nature, l'animal et l'homme; et sur le devenir de la survie animale, de plus en plus menacée au fil des jours, suite à la pollution, au réchauffement climatique... et à l'être humain, qui détruit son propre avenir en détruisant la faune et la flore qui l'entourent. Outre cette question écologique, plus que jamais d'actualité, l'histoire s'attarde à dépeindre la difficulté de grandir et d'assumer ses responsabilités; et dresse un subtil portrait des relations distantes entre un fils maladroit et peu sportif en admiration devant un père athlétique et rusé, nous rappelant avec élégance les valeurs essentielles que sont la famille, le partage et l'écoute; et livrant au passage un très bel hymne à la différence et à la tolérance.

Virtuose et merveilleuse, l'animation constitue un plaisir des plus jouissifs pour l'œil du spectateur, qui en prend plein les mirettes sans que jamais la magie ne s'estompe ou ne se relâche. Bourrée de vitalité et de génie, l'animation nous emmène effectivement dans un univers visuel de toute beauté, à l'esthétique soignée et raffinée, qui déborde de multiples trouvailles aussi inattendues qu'euphorisantes.

Les décors, tout à fait féeriques, semblent provenir d'un livre pour enfants; dans lesquels les protagonistes, plus pittoresques et truculents les uns que les autres, évoluent avec sensibilité sur un ton résolument moderne et volontairement décalé. L'humour, omniprésent, donne lieu à des répliques proprement cinglantes et hilarantes. L'émotion n'est pas exclue pour autant, puisque le caractère malgré tout très sérieux (et même assez grave, sur certains points que j'ai évoqués plus haut) du sujet alterne gags, rebondissements et autres courses-poursuites tout en jonglant remarquablement avec des jolis moments de pure tendresse, face auxquels la gorge, irrésistiblement, se serre et l'estomac se noue; ce qui ne fait que renforcer encore davantage la force et la profondeur de l'intrigue, et l'attachement que l'on éprouve pour les divers personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires (car les seconds rôles qui gravitent autour de notre héros sont développés avec tout autant de finesse et d'inventivité, fait assez rare pour être signalé).

Mais là où l'animation atteint véritablement le degré suprême de l'excellence et de la satire, c'est lorsqu'elle déballe son lot efficace de clins d'œil, à la fois bien envoyés et bien conçus. Les références (principalement cinématographiques) abondent, et le spectateur a tour à tour l'impression d'être devant un croustillant pastiche de << Chicken Run >>, << West Side Story >>, << Les Aristochats >>, << La Grande Évasion >>, ou même, plus surprenant encore, de westerns-spaghettis made in Sergio Leone (!).

Ajoutez à tout cela un doublage hautement décapant et prestigieux, qui est assuré par Mathieu Amalric et Isabelle Huppert pour la version française, et par George Clooney et Meryl Streep pour la version originale (pour ma part, je l'ai vu dans la langue de Molière, excellente bien que peut-être un tantinet monotone par moments); ainsi qu'une musique sublime, mêlant jovialité et retenue sur une mélodie harmonieuse et aussi agréable à entendre pour nos oreilles en affût que l'image qui l'accompagne est agréable à déguster pour nos yeux de spectateurs rêveurs, s'émerveillant de tout avec la naïveté et la candeur si caractéristique d'une enfance bien lointaine vers laquelle cette œuvre poétique nous ramène lentement, par petites touches discrètes et emplies d'une infinie pudeur. Parce que ce film, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, nous rappelle une nouvelle fois (et à juste titre !) que chaque adulte a d'abord été un enfant, et qu'il est bon - pour ne pas dire primordial - de s'en souvenir, surtout en ces temps agités, où la difficulté du quotidien nous arrache à notre rêverie et à notre insouciance pour nous plonger dans les méandres de l'âge adulte... la difficulté de grandir et d'assumer ses responsabilités, c'est là le thème même de l'histoire de Fantastic Mr. Fox, ainsi que je l'ai déjà dit (ou plutôt écrit !) précédemment.

Seuls bémols que l'on peut reprocher à ce Fantastic Mr. Fox: un début assez laborieux et un peu maladroit, qui traîne un peu en longueur et tarde à se mettre en place; et quelques petites incohérences dans le déroulement de l'intrigue... enfin, incohérences n'est pas exactement le terme approprié, disons plutôt des oublis, des détails manquants... pour exemple, je citerais le personnage d'Agnès, la jeune renarde dont Ash et son cousin Kristofferson semblent tous deux épris: on ne sait pas trop qui elle est ni d'où elle vient, elle apparaît tout à coup comme un cheveu sur la soupe et disparaît subitement avant la fin (une fin magnifique d'ailleurs, à la fois jubilatoire et en même temps terriblement effrayante de par sa cruelle et désarmante lucidité), sans qu'on sache au juste ce qu'il advient d'elle. Bref, de légers oublis certes regrettables mais néanmoins tout à fait pardonnables. À bien y réfléchir, le seul véritable regret que l'on peut avoir au sortir de la projection, c'est que ce film se termine trop, beaucoup trop vite... flûte alors !...

  

EN GUISE DE CONCLUSION:

Tonique, coloré, dingue, vivifiant, facétieux, drôle: pas de doute, Fantastic Mr. Fox est LE rayon de soleil cinématographique de ces (longues...) vacances d'hiver. Un régal pour toute la famille, en attendant le printemps qui, comme toujours, a l'art (et surtout la manière !...) de se faire désirer. J'hésite entre trois et quatre étoiles, mais étant dans un bon jour (!), je vais lui en attribuer quatre; pour la simple et bonne raison que faire un film comme ça de nos jours est un exercice qui s'avère non seulement foutrement culotté mais aussi et surtout très risqué, ce qui mérite donc un sacré coup de chapeau en même temps qu'un immense merci... oui, bravo et merci monsieur Anderson, pour ce trésor d'humour et de tendresse, qui fait du bien par où il passe. Il y a bien quelques petites (toutes petites !...) faiblesses (lire le paragraphe ci-dessus), mais dans l'ensemble, on se délecte tellement à suivre les aventures mouvementées de Maître Renard qui, par l'odeur alléché... oups, je crois que ceci n'est point le même ramage, j'en conclus donc qu'il est grand temps pour moi de clore mon bavardage si je ne veux pas m'égarer davantage au gré de mon vagabondage... mes hommages, Mister Fox !...

K.H.

Nominations et récompenses obtenues, le détail complet > ICI



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS D'ANIMATION, #FILMS DES ANNÉES 2010, #¤ En salles ¤

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D
FouuWitt-TaekTaek, c'est flûtement pas facile à écrire et flûtement facile à faire....Bon à part ça, un petit chef d'oeuvre de cinéma animé d'après des spécialistes à l'ancienne (marionettes etc) Il faut reconnaître que c'est réussi même sil'animation est un petit peu saccadée. Agréable à regarder, la version française souffre un peu d'une voix un peu monocorde qui manque d'entrain et de rythme. Cette voix est celle du personnage principal (Mr Fox) et c'est dommage car elle affadit le film qui méritait beaucoup mieux.
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