RIEN À DÉCLARER de DANY BOON (2011)

Publié le 18 Février 2011

Dans les années 90, un douanier belge francophobe se voit contraint de faire équipe avec un français, au moment de la construction de l'Europe et de la suppression des frontières franco-belges.

1er janvier 1993: passage à l'Europe. Deux douaniers, l'un belge, l'autre français, apprennent la disparition prochaine de leur poste de douane situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique. Francophobe de père en fils et douanier belge trop zélé, Ruben Vandevoorde se voit contraint et forcé d'inaugurer la première brigade volante mixte franco-belge. Son collègue français, Mathias Ducatel, considéré par Ruben comme son ennemi de toujours, est secrètement amoureux de sa sœur. Il surprend tout le monde en acceptant de devenir le co-équipier de Vandevoorde et de sillonner avec lui les routes de campagnes frontalières à bord d'une 4L d'interception des douanes internationales...

Avis:

Trois ans après le phénomène BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS et ses 20 millions d'entrées, on attendait Dany Boon (et son nouveau film...) au tournant. Il nous revient donc aujourd'hui avec RIEN À DÉCLARER, nouvelle comédie satirique archi-attendue et troisième réalisation de l'acteur/humoriste, qui - à l'instar des CH'TIS - se joue encore une fois des clichés et des préjugés; prenant pour toile de fond le racisme, sous toutes ses formes et dans toute son absurdité. Le racisme: un sujet ô combien cher à Dany Boon, puisque RIEN À DÉCLARER est un film en partie autobiographique, au travers duquel le cinéaste lance un hymne vibrant à la différence et à la tolérance, tout en restant fidèle à son univers. À l'instar donc des CH'TIS, RIEN À DÉCLARER est une œuvre partant d'une démarche très personnelle, très intime; et, de fait, très sincère, ce qui rend le propos - aussi simple soit-il - d'autant plus touchant, généreux, sensible et attachant. Concernant le scénario, inutile effectivement de s'attendre à quelque chose de grandiose ou de novateur: le récit est tout ce qu'il y a de plus simpliste, narrant les démêlés et mésaventures comiques d'un douanier wallon farouchement francophobe et de son homologue hexagonal, qui, à l'époque de la fin des frontières et de la construction de l'Europe, doivent faire équipe malgré eux et vont, du même coup, se retrouver embarqués dans une intrigue policière prévisible, mais amusante. Forcément, au terme de cette collaboration forcée, notre douanier wallon farouchement francophobe va revoir ses jugements à la hausse, apprenant peu à peu à apprécier son homologue hexagonal que le destin lui a - malgré lui !... - adjoint; même si, au final, le regard général qu'il porte sur le monde et sur les étrangers aura assez peu évolué, bien que l'espoir perce à travers les yeux de son fils... Une histoire très classique et très attendue, en somme, mais qui a le mérite d'éviter le happy ending facile et retient habilement l'attention du spectateur dans la mesure où elle traite - avec humour et causticité - d'une forme de racisme qui ne se voit pas, à première vue... quelle différence en effet entre un belge et un français, physiquement parlant ?... C'est là toute la force et toute l'originalité du propos, lequel se trouve donc assorti d'un efficace plaidoyer contre le racisme, doublé d'une ode lumineuse à la différence et à la tolérance. En résumé, si il ne brille pas spécialement par l'originalité de son scénario, RIEN À DÉCLARER brille en revanche par la qualité de son interprétation, savoureuse à tous les niveaux, dans les premiers comme dans les seconds rôles. Plus en forme que jamais, Benoît Poelvoorde (dont je suis pourtant loin d'être fan !) se livre à une composition désopilante et explosive, se glissant avec plaisir et talent dans la peau du douanier belge raciste et irascible, sans cesse au bord de la crise de nerfs; donnant ainsi vie à un personnage à la De Funès, odieux et particulièrement antipathique, mais cependant plus attachant qu'il n'y paraît. À ses côtés, Dany Boon endosse l'habit du clown blanc, pour un rôle tout en tendresse, sensibilité et candeur; qui n'est pas sans rappeler les personnages jadis incarnés par Bourvil. De Funès/Bourvil: on retrouve un peu de ce duo dans le tandem Poelvoorde/Boon, même si ces deux derniers - qui s'en donnent d'ailleurs à cœur joie et se renvoient admirablement la balle - sont encore loin d'égaler leurs aînés. Les seconds rôles ne sont pas non plus en reste, et on retiendra notamment les croustillantes prestations de Karin Viard, François Damiens, Julie Bernard, Laurent Gamelon et Bruno Lochet (pour ne citer qu'eux). Point de vue mise en scène, rien d'extraordinaire à signaler, hormis un superbe générique de début représentant la Terre en train de tourner sur elle-même et autour des autres planètes; ainsi que des gags plutôt hilarants dans l'ensemble, et des répliques pour le moins cinglantes, sans oublier la belle bande son du compositeur Philippe Rombi. Un bémol, toutefois: là où BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS avait su faire rire sans grossièreté ni vulgarité gratuites, RIEN À DÉCLARER, lui, s'enfonce parfois dans un humour de bas étage et des gags lourdingues (sans parler de certains dialogues pas toujours très fins...), ce qui gâche un peu le plaisir, d'autant que le récit souffre en outre de quelques longueurs et autres petits temps morts, qui auraient certainement pu être évités. Un bémol certes regrettable, mais néanmoins tout à fait pardonnable; dans la mesure où, globalement, on rit quand même beaucoup et on passe un agréable moment de détente, en compagnie d'un duo d'acteurs réjouissant et irrésistible. Bref, pas de doute possible: en cette morne période hivernale, RIEN À DÉCLARER s'impose incontestablement comme LE divertissement familial par excellence, sympathique et sans prétention. À voir.



Rédigé par kleinhase

Publié dans #CINÉMA, #FILMS, #FILMS DES ANNÉES 2010, #¤ En salles ¤

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M
Pas facile de faire toujours rire le spectateur ! Alors, quand on arrive pas à garder la finesse on tombe vite dans le plus facile, les mots, bien gros, bien lourds, toujours les mêmes depuis longtemps et qui sont bien lassant à entendre ! Peut-être que l'esprit a diminué ou disparut depuis plusieurs années, chez le spectateur, l'auditeur....Donc "Rien à déclarer"a été obligé de suivre...Dommage ...<br /> Magré tout, certains gags sont réussis et, le message sur la tolérance et l'anti-racisme actuellement dans l'air du temps passe aussi très bien d'une manière humoristique.
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