ATTENTION, RISQUE DE SPOILERS !
L'HISTOIRE SANS FIN (Die Unendliche Geschichte)
Film allemand, américain
Date de sortie: 21 novembre 1984
Genre: Conte, fantastique, aventures Durée: 1h30 Tous publics
Conseil personnel: Pour toute la famille.
Disponible en DVD et VHS - Couleur
Depuis la mort de sa mère, Bastien, 10 ans, s'est replié sur lui-même et s'est bâti un monde imaginaire nourri des romans d'aventures qu'il dévore. Un jour, il découvre dans la librairie du vieil excentrique Mr Koreander un livre richement relié et intitulé << L'histoire sans fin >>, qu'il dérobe. Après s'être enfermé dans le grenier de l'école, il en commence la lecture. Dès les premières pages, Bastien se sent entraîné dans l'univers merveilleux du Pays Fantastique...
LA CHRONIQUE DE KLEINHASE:
Il était une fois, il y a de nombreuses années de cela, un romancier de génie qui s'appelait Michael Ende et qui écrivit un beau jour un livre merveilleux, qu'il baptisa << L'histoire sans fin >>. Il était une fois, à peine quelques années plus tard, un cinéaste de grand talent, répondant au nom de Wolfgang Petersen, et qui eut un beau jour l'envie et la brillante idée de tirer une adaptation cinématographique de ce bouquin. Il était une fois, peu de temps après, un long-métrage enchanteur intitulé L'histoire sans fin et qui n'allait pas tarder à devenir LE film culte de toute une génération de spectateurs.
Il était une fois de nombreuses (très nombreuses !...) années plus tard une spectatrice passionnée de cinéma, répondant au nom de Kleinhase, qui découvrit un beau jour L'histoire sans fin et qui, à la vue de ce superbe film d'héroïc fantasy, se sentit à son tour irrésistiblement transportée au pays des contes de fées, au pays de l'enfance, au pays de Fantasia, dont les rêves et les espoirs des hommes constituent la fondation principale. Mais depuis quelques temps déjà, Fantasia est victime d'un mal étrange, d'un mystérieux Néant (sorte de grand vide qui se forme peu à peu parce que les hommes ont oublié de rêver et, par conséquent, d'espérer) qui, aidé par une Créature de l'Ombre (le Gmork, espèce de loup-garou aux yeux verts diaboliques et à la mâchoire dangereuse), détruit tout.
Afin de combattre ce Néant, l'Impératrice de Fantasia sollicite le courage d'un jeune et valeureux guerrier, répondant au nom d'Atreyu. L'avenir de Fantasia repose désormais sur les frêles épaules de ce garçonnet, dont l'apparence à priori enfantine n'a pourtant d'égale que la bravoure et la ruse d'un homme. Une cascade de péripéties (toutes plus imprévisibles les unes que les autres) et d'incroyables rencontres attendent Atreyu.
Il était une fois, à des milliards de kilomètres de là, dans un tout autre monde appelé réalité (monde qui a ses limites, contrairement au monde de l'imagination qui, lui, est sans frontières...) un petit garçon de 10 ans, Bastien, qui en lisant et en découvrant les multiples exploits accomplis par Atreyu, eut peu à peu l'impression de cheminer à ses côtés et de vivre son aventure, au même moment, à la même seconde. Tout simplement, il était une fois une formidable usine à rêves, appelée cinéma, qui avait (et qui a toujours, d'ailleurs !) l'étonnant pouvoir de transformer les récits les plus fous en de surprenantes réalités, dans lesquelles le spectateur voudrait parfois se projeter. Être à la place de Bastien, ce jeune garçon introverti et triste passionné de lecture et qui entre un jour dans un livre aux pouvoirs magiques, qui n'en a pas déjà rêvé, ne serait-ce qu'une seule fois ?...
C'est bien ce qui fait toute la magie et toute la singularité de L'histoire sans fin, sorti dans les salles en 1984 (plus de vingt ans déjà... on a du mal à le croire !). Le réalisateur Wolfgang Petersen peut se féliciter d'avoir réussi un sacré tour de force, en faisant non seulement rentrer le spectateur dans la peau (et l'imagination !) de Bastien, le jeune lecteur, mais surtout en le faisant rentrer dans le livre que Bastien découvre en même temps que nous.
C'est donc un double, je dirais même un triple tour de force dont Petersen peut se vanter, ayant réussi à nous faire rentrer à la fois dans la peau de Bastien, dans son livre, mais aussi dans la peau d'Atreyu, le jeune guerrier dont Bastien découvre les extraordinaires aventures grâce à ce livre fascinant. Déjà trois bonnes raisons de voir L'histoire sans fin si vous ne le connaissez pas encore !
Pour ce qui est de l'interprétation, Wolfgang Petersen a su trouver en la personne de Barret Oliver le Bastien idéal. Tour à tour mélancolique, attachant, effrayé, surpris et surprenant, le comédien en herbe livre une composition plutôt remarquable (peu de jeunes acteurs parviennent à être aussi justes sans tomber dans la caricature) et pleine de sensibilité, et l'on s'identifie très facilement à lui.
Et en décidant de confier le rôle d'Atreyu, le jeune guerrier sans peur et sans reproche qui risque plusieurs fois sa vie pour sauver Fantasia, à l'adorable Noah Hathaway, Petersen a encore une fois fait preuve d'un excellent flair. Sans forcer son jeu ni son charisme (reconnaissons qu'il est effectivement bien charmant, ce garçon !), Noah Hathaway réussit à nous convaincre tout en restant très naturel (ce qui mérite à nouveau d'être salué) et incarne magnifiquement un jeune héros (qui n'est pas sans rappeler des personnages légendaires, tels que Robin des Bois ou Lancelot, par exemple), qui a lui aussi ses faiblesses et ses doutes. Le fait que ce héros justement, Atreyu, soit un enfant, est d'ailleurs très amusant à souligner, car quelque part, ça nous ramène un peu à notre enfance... qui d'entre nous, gamin, ne s'est jamais pris pour un grand héros issu de la littérature, du cinéma ou de sa propre imagination ?... Magistrale aussi, dans un rôle pourtant très court (elle incarne l'Impératrice de Fantasia), l'inoubliable Tami Stronach, en princesse de rêve, illumine l'écran de par sa beauté rayonnante et sa candeur encore enfantine. Quant aux seconds rôles, ils se révèlent - chacun dans leurs genres - absolument fabuleux.
Captivant de bout en bout, le scénario alterne habilement l'invitation à la féerie et l'invitation à la réflexion, nous faisant réfléchir avec beaucoup de subtilité au besoin quasi vital qu'a l'homme de rêver et sur la place du rêve dans nos vies... nos vies qui n'ont parfois rien d'un rêve (mais comme le dit si bien le proverbe: << Si on avait la vie qu'on rêve, on rêverait de la vie qu'on a >>... à méditer !).
Une réflexion passionnante qui trouve tout son sens lors de l'étonnante fin (car oui, il y a bien une fin à cette histoire, contrairement à ce que laisse penser le titre !), qui clôt ce film sous la forme d'une fulgurante apothéose. On notera également la jolie qualité des effets spéciaux (effets spéciaux qui, pour une fois, se mettent vraiment au service de l'intrigue et du merveilleux, et non l'inverse, comme c'est trop souvent le cas dans les productions plus actuelles...), qui n'ont pas vieillis et s'avèrent assez impressionnants pour l'époque (n'oublions pas que ce film date des années 80... ce qui signifie que les trucages numériques n'étaient pas encore nés). Le tout sublimé par des paysages au caractère grandiose et une éblouissante photographie (le générique de début justifie le coup d'il à lui tout seul !), et renforcé par une musique majestueusement envoûtante (aux notes parfois très mystiques) que l'on doit aux compositeurs talentueux que sont Klaus Doldinger et Giorgio Moroder (merci à eux pour cette extraordinaire bande son... le film est à la fois un régal pour les yeux, mais aussi pour les oreilles !).
En tout cas, je n'ai jamais (mais alors jamais !) été portée sur la lecture (à part des revues, des BD et un ou deux romans qui font vraiment figure d'exception !) et je ne connais pas du tout le roman éponyme de Michael Ende dont ce long-métrage s'inspire (ce long-métrage que Ende n'aurait d'ailleurs pas beaucoup apprécié - je me demande bien pourquoi ! - refusant que son nom apparaisse au générique... il y apparaît quand même, cela dit !...), mais si il y a bien une chose que je peux vous dire avant de terminer, c'est que ce film, justement et contre toute attente, m'a furieusement donné envie de lire ce roman, et j'espère donc pouvoir m'y mettre très prochainement (en espérant aussi, si je commence à le lire, que ce sera en entier... ce qui n'est pas non plus gagné, ayant déjà eu - à plusieurs reprises - cette fâcheuse habitude de commencer un bouquin et de m'arrêter bien avant la fin, le plus souvent par flemme... que voulez-vous, nul n'est parfait !...).
J'espère également pouvoir visionner quelques unes des nombreuses suites qui ont été données à ce film. Même si, d'après les différentes critiques que j'ai pu lire ici ou là, ces suites n'ont ni la valeur, ni la saveur, et encore moins la magie de ce premier opus... Qu'importe, j'espère tout de même en voir au moins une, ne serait-ce qu'une fois, par curiosité. Et vous qui êtes en train de lire ces lignes et qui connaissez peut-être déjà L'histoire sans fin et ses suites, que me conseilleriez-vous ?... De me contenter uniquement de ce premier épisode ?... Ou de voir aussi ses successeurs, juste histoire... bah, de les voir, histoire de me faire ma propre opinion ?... Qu'en pensez-vous, hum ?...
EN GUISE DE CONCLUSION:
L'histoire sans fin est tout à fait le genre de film que l'on n'a pas envie de quitter (mais alors pas du tout envie !) et qui, au final, nous laisse repartir avec des étoiles plein les yeux et plein l'esprit. Du grand et beau spectacle, au service d'un message généreux et plus profond qu'il n'y paraît, et que je recommande aussi bien aux petits (pas trop petits, quand même... certaines scènes sont susceptibles d'effrayer les plus jeunes) qu'aux plus grands. Certes, les plus grands auront peut-être un peu plus de mal à adhérer pleinement à l'histoire, car pour cela, il faut évidemment accepter d'oublier la réalité qui nous entoure (ce qui, entre nous, n'est pas tellement compliqué, si on le désire vraiment...) afin de retrouver son âme éternelle d'enfant pendant 90 minutes de pur émerveillement. 90 minutes qui s'écoulent à une vitesse folle sans qu'on les voient jamais défiler... à peine le temps d'être totalement happé par le rêve qu'il s'achève déjà !... Mais c'est probablement aussi pour cette raison que l'on a immédiatement l'envie irrésistible de revoir ce film, sitôt le générique de fin passé... Y a pas d'doute: rêver, ça fait franchement du bien, et avoir la tête dans les nuages, c'est de temps en temps bien agréable !... Z'êtes pas d'mon avis, vous autres ??...
K.H.