LES CONTES DE LA NUIT de MICHEL OCELOT (2011)
Publié le 4 Août 2011
LES CONTES DE LA NUIT
Tous les soirs, une fille, un garçon et un vieux technicien se retrouvent dans un petit cinéma qui semble abandonné, mais qui est plein de merveilles. Les trois amis inventent, se documentent, dessinent, se déguisent. Et ils jouent toutes les histoires dont ils ont envie, dans une nuit magique où tout est possible, créant ainsi six contes qui les mèneront dans des époques et lieux divers, de l'Afrique aux Antilles, en passant par le Tibet ou encore... en pays Aztèque. Au programme donc: LE LOUP-GAROU, TIJEAN ET LA BELLE-SANS-CONNAÎTRE, L'ÉLUE DE LA VILLE D'OR, LE GARÇON TAM-TAM, LE GARÇON QUI NE MENTAIT JAMAIS et LA FILLE-BICHE ET LE FILS DE L'ARCHITECTE...
MON AVIS (vu en 3D relief)
Le mois de juillet aura vu le numérique et la 3D s'installer - enfin !... - dans le vieux cinoche de mon quartier, offrant ainsi à ses (rares...) spectateurs un joli (?) cadeau pour démarrer l'été. Pour inaugurer l'arrivée de cette nouveauté, LES CONTES DE LA NUIT me paraissait être un film tout à fait approprié, d'autant plus que les critiques globalement enjouées de la presse m'ont naturellement confortée dans cette idée. Je ne me suis pas trompée, et ait eu raison de faire une nouvelle fois confiance à mon intuition, laquelle me guide souvent vers les films qui sont susceptibles de retenir mon attention. LES CONTES DE LA NUIT marque le grand retour de Michel Ocelot (papa de KIRIKOU et AZUR ET ASMAR, entre autres...) au théâtre d'ombres chinoises, plus de dix ans après son superbe PRINCES ET PRINCESSES, qui utilisait déjà ce procédé, reprenant des courts-métrages qu'Ocelot avait alors à l'origine réalisés pour le petit écran. À ce sujet justement, il faut préciser que les cinq premiers contes proposés dans ces CONTES DE LA NUIT sont également repris d'une série télévisée créée par Ocelot, intitulée DRAGONS ET PRINCESSES (que je n'ai pas vue), diffusée sur Canal+ l'an dernier, et qui comptait au total dix courts-métrages; dont Ocelot a sélectionné les cinq qui se prêteraient le mieux au relief afin de les réunir dans ce long-métrage, pour les besoins duquel il a imaginé et écrit une sixième histoire inédite. La technique, savoureusement désuète, des ombres chinoises offre au spectateur un délicieux voyage dans le temps, le ramenant aux balbutiements du 7e Art et des premiers films d'animation. Si ce n'est que, cette fois, Michel Ocelot a décidé d'y adjoindre les progrès du cinéma moderne et d'utiliser, pour la première fois dans l'histoire de son uvre, la technologie 3D. Passé l'effet de dépaysement, la conjugaison - quelque peu inhabituelle et atypique - de ces deux techniques radicalement différentes fonctionne parfaitement, la 3D, bien qu'assez discrète et anecdotique dans l'ensemble, donnant une vraie profondeur de champ aux décors, tout à fait fabuleux au passage. Une fois encore, donc, Ocelot nous émerveille et nous en met plein les yeux avec une animation qui, si elle est absolument magnifique sur le plan purement esthétique, est littéralement fantastique sur le plan purement artistique.
Sur le plan purement scénaristique, il est bien évident que les six contes proposés s'adressent principalement aux enfants, lesquels devraient se régaler avec des histoires qui, si elles pourront sembler très simplistes et très naïves à un public plus adulte, feront sans aucun doute le bonheur des plus jeunes; qui trouveront là matière à réfléchir et à échanger autour de récits porteurs de valeurs (paix, amour, tolérance, liberté...) fondamentales et universelles qu'Ocelot, en parfait conteur, s'efforce de transmettre par le biais de ses petits héros de papier, auxquels chaque bambin peut aisément s'identifier. Bien sûr, les contes proposés ne sont pas tous aussi aboutis et aussi réussis qu'on aurait pu l'espérer, et n'évitent pas toujours la facilité. À cela s'ajoute un doublage de qualité parfois inégale, en outre pénalisé par une réalisation qui, par moments, manque sérieusement de rythme et s'étire en longueur, faisant naître un léger sentiment d'ennui chez le spectateur. L'absence quasi totale de musique n'aide pas non plus à accrocher. Mais l'ensemble, plein de poésie et d'onirisme, est heureusement suffisamment bien fait pour captiver jusqu'à son terme.
Peut-être pas aussi féerique que ne le laissait présager son titre, LES CONTES DE LA NUIT n'en demeure pas moins un agréable divertissement, à voir en famille, avec des yeux et une âme d'enfant.